mercredi 24 février 2010

déflagration bis

J'ai fait plusieurs psychanalyses; la seconde a duré cinq ans.
En face à face avec un psy très humain, possédant une grande capacité d'empathie et d'accompagnement. Il m'a beaucoup aidée pendant les trois premières années, puis sans doute par découragement, lassitude ou autres raisons qui lui appartiennent, a "lâché prise". Brutalement.
Lors d'une séance il a eu un comportement qu'il n'avait jamais eu auparavant, il m'a parlé durement, froidement en tenant des propos cassants sur ce que j'étais ("Vous êtes incapable d'imaginer que l'autre puisse ne pas ressentir la même chose que vous"), puis deux autres phrases dont je ne parviens pas à me rappeler, sans doute parce que ces propos ont provqué une confusion immédiate, une véritable "déflagration" psychique.

Il était dans un état particulier, cette séance a duré peu de temps, le temps qu'il dise certaines choses, aille s'installer derrière son bureau pour clore la séance; je me rappelle que son déplacement était mal assuré, il était physiquement en déséquilibre, comme si son corps traduisait la violence des paroles qu'il venait de proférer.
Je ne comprenais pas et lui ai dit :"Je ne comprends pas ce que vous dites, pourquoi me parlez-vous comme çà ?", il a simplement répondu séchement: "Vous avez entendu".

Comment décrire l'état dans lequel j'étais ensuite? Confusion est sans doute approprié. Ca a duré longtemps cet état, je crois que ça a cassé là où il y avait déjà une ligne de brisure ancienne et massive.
Je me rappelle aujourd'hui, car ces faits datent d'il y a une quinzaine d'années, que pendant les semaines qui ont suivi, je suis restée dans cet état particulier.
Lourde,épuisée, sans forces, avec une perte radicale d'énergie vitale. Je me levais chaque jour dans un état d'épuisement psychique terrible. Tenir jusqu'au soir et recommencer le lendemain, jour après jour, c'était comme se lever chaque matin en ayant à porter une charge de plusieurs tonnes; j'ai survécu à ce choc puissant pour ne pas abandonner mon fils.

J'ai continué à aller chez ce psy pendant deux années encore, mais la situation ne s'est jamais améliorée, il n'était plus dans l'accompagnement.
Au fil du temps mes séances se sont espacées (il n'avait plus de disponibilité) et il arrivait de plus en plus fréquemment que la porte d'entrée ne s'ouvre pas après mon coup de sonnette, je devais alors attendre qu'une personne entre dans l'immeuble pour pouvoir accéder à son cabinet. Lorsque j'attendais dans la salle d'attente, il pouvait me laisser attendre en faisant passer une ou plusieurs personnes avant moi alors qu'il savait que je devais rentrer pour récupérer mon fils chez la gardienne.

Cà devenait insensé de continuer, j'allais de plus en plus mal, il me disait "Faites de la poterie" et me traitait comme si j'avais une pathologie incurable.
Des souvenirs d'évènements passés surgissaient chargés en émotions violentes, destructrices. J'avais l'impression de ne pas être entendue. Tout était interprété dans un sens qui ne me "parlait" pas, en relation avec théorie relative à une transmission transgénérationnelle des affects et autres contenus inconscients.
Il ne reconnaissait pas la réalité des actes que j'avais subis pendant l'enfance et me disait: "Vous n'avez pas été maltraitée; vous ressentez ce qui a été vécu par votre mère"... Je devenais un peu plus "folle" après chaque séance de cet acabit.

Il fallait que je survive pour mon fils. Mais le fil qui me retenait à la vie était ténu, effiloché, au bord de la rupture absolue.
C'était vraiment une sale période, qui a duré très longtemps en se dégradant progressivement. Si en parallèle je n'avais pas rencontré C, chez qui je me suis installée avec mon fils, je n'aurais pu continuer à assumer les charges du quotidien.

J'ai commencé à cette période à faire d'une manière récurrente des rêves et des cauchemars aux contenus très violents.
Ca a empiré progressivement et je suis entrée dans une phase très particulière pendant laquelle les cauchemars sont devenus quotidiens.
Je n'avais plus d'énergie vitale, le fait d'être éveillée et de vivre m'épuisait. J'étais sans force, je me sentais face contre terre, lourde, inerte.
Je rampais, je rampais sur le temps qui passait minute après minute, heure après heure, jour près jour.

Mes nuits étaient peuplées de cauchemars, de terreurs nocturnes, de réveils en hurlant.
J'avais peur de m'endormir car j'avais cette peur atroce de mourir pendant mon sommeil, de mourir pendant un cauchemar. J'étais dans un état de terreur et de confusion absolus au réveil, il me fallait un laps de temps très long pour retrouver mes esprits.
J'avais peur, en permanence. Si je devais dormir seule, lorsque mon ami s'absentait, je fermais tout à double-tour, me barricadais et déposais une hache sous le lit pour me défendre en cas d'agression.
La chance que j'ai eu c'est que lorsque je me rendais à mon travail, une fois arrivée sur place, je ne ressentais plus cette horreur. Par contre, une fois la journée passée, dès que je montais dans ma voiture, sur le chemin du retour ça m'envahissait de nouveau.
Ca a duré plusieurs mois; mon ami en a eu assez de vivre avec une zombie qui le réveillait en hurlant toutes les nuits et nous nous sommes séparés.

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