mardi 23 février 2010

l'ambivalence

Des années que je m'interroge sur l'ambivalence de mes sentiments. Que je tente de comprendre et de résoudre, enfin, de mieux vivre avec, parce que vraiment c'est difficile à gérer...
Surtout vis à vis de mes parents. Je n'ai jamais vraiment "coupé les ponts"; il m'a été impossible de renoncer à cette simili famille parce que Rien, je veux dire Personne, c'est pire que "un peu mais merdique". Je sais que si j'avais été plus forte ou bien si j'avais eu la chance de faire des rencontres avec des personnes qui m'avaient apporté suffisamment d'amour et de stabilité affective, j'aurais pu rompre ce lien bancal qui me fait encore souffrir.
Deux sentiments-émotions coexistent en permanence: la culpabilité pour les attentions positives qui ont pu parfois exister de leur côté à mon égard, et la haîne pour toutes les souffrances qu'ils m'ont infligées.
Ca coexiste mais ne s'unifie jamais, et lorsque çà devient moins prégnant, je me rends compte après coup que c'est par renoncement partiel à l'importance de mes souvenirs, de ce que j'ai vécu et en conséquent: de mon identité.
Lorsque j'étais enfant c'était à ce prix que j'ai pu survivre dans "leur" enfer : en étant transparente, incolore, inodore; un bruissement léger qui fait mille efforts pour ne pas attirer l'attention sur lui.
Cela m'est resté: faire plaisir, acquiescer à tout, me faire la plus discrète possible pour passer inaperçue.

J'étais très seule, comment un enfant peut-il survivre à une aussi grande absence d'interactions et surtout d'attention et d"émotions positives ?

Cela m'est resté: j'ai besoin des autres mais les
côtoyer m'est parfois très difficile; je vis en solitaire, mes relations affectives avec les hommes se sont toutes soldées par des échecs, et mon réseau de relations sociales est extrêmement limité.

J'ai besoin de solitude pour me retrouver; parfois, être avec d'autres m'épuise, psychiquement je crois posséder peu de ressources pour vivre avec autrui.
J'ai pris conscience il y a peu que j'évitais d'une manière implicite toute situation qui serait pour moi un inconfort: me retrouver en tête-à tête avec une personne que je connais peu par exemple est une torture pour moi: je ne sais pas alimenter une conversation, ce genre d'évènement m'épuise.

J'ai lu un mémoire en ligne sur les enfants témoins des violences conjugales entre leurs parents, ce travail est vraiment extraordinaire; j'y ai trouvé matière à réflexion sur ces questions qui restent depuis si longtemps sans réponse.
En fait après cette lecture je pense que la réponse à mon questionnement sur l'issue de cette ambivalence n'existe pas: il n'y a pas d'issue car c'est une situation qui est en soi une impasse.
Etre maltraité par ses proches lorsque l'on est enfant , dans la dépendance vis à vis de sa famille, ça oblige à se construire de cette manière fragmentée et l'unité des sentiments serait au prix d'un renoncement à soi-même, à son identité.

Vivre dans la peur, être à l'aguet des signes annonciateurs des explosions de violences, être en permanence sur le qui-vive pour réagir de manière appropriée lorsqu'elles se déclenchent.
C'est devenu une manière "d'être au monde" pour l'enfant que j'étais.
Souvenir d'une scène particulièrement marquante: j'avais une duzaine d'années, bagarre entre mes parents,hurlements en provenance de la cuisine, mon père empoigne ma mère , le poing levé sur elle, -fou- "Je vais te tuer!", -fou-, et elle, -folle-, (ayant perdu l'instinct de survie qui lui aurait permis de le calmer). J'ai hurlé "NON papa, Arrête, arrête!!!!" en m'interposant entre les deux. Il m'a regardé de ses yeux fous et j'ai pu lire l'indécision dans ce regard, lecture est un mot inapproprié car le temps de lire n'existait pas, il n'y avait plus de temps, de mouvement; uniquement cette suspension dans le regard fou de mon père.

Vivre dans la crainte de l'a survenue de ces évènements-là; qui arrivaient à leurs termes parfois, ma mère n'est pas morte mais a subi les coups de mon père.
Longues périodes de silences, que du langage non-verbal entre eux; ça pouvait durer des semaines ce silence-là, cette tension sans mots;un enfer.

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