vendredi 30 avril 2010

Répétition

En relisant ce que j'ai écrit les jours précédents je prends conscience que ce passage d'une des lettres destinées à mon second analyste aurait pu être également destiné au premier:

"Vous avez pris à votre compte ce don qui s'annonçait. Vous vous êtes identifié comme un destinataire unique de ce qui s'offrait avec des points de suspension. ce qui s'offrait...Vous vous en êtes accaparé pour aussitôt le recouvrir de décombres- comme si celà ne suffisait pas tous ces décombres traversés."

Mon premier analyste s'est accaparé mon désir- transférentiel- pour passer à l'acte sexuellement avec moi, sa patiente.

Le second se l'est accaparé pour me le jeter à la figure comme s'il en était le destinataire (j'écrivais des poésies et les lui donnais à lire), ce faisant il a brisé le lien transférentiel qui nous unissait dans ce travail et a pris à son compte pour le détruire un élan vital qui ne le concernait pas.

Peut-être y a t-il un lien entre ces deux évènements, mon second analyste savait ce qui s'était passé avec le premier, peut-être a t-il mal géré son contre-transfert , peut-être a t-il eu peur de mon transfert?

De toute façon cela lui appartient; mais quel gâchis pour moi...

mercredi 28 avril 2010

gueule cassée suite

Rêve du 22/03/99:

" Je peigne mes cheveux et vois ma tête dans une glace: j'ai une alopécie sur tout le sommet du crâne.
Il y a des tâches des creux des bosses des petites plaies; je regarde de plus près: c'est de la chair épaisse, très rouge, avec des crevasses, des blessures plus ou moins cicatrisées- ce n'est pas beau à voir. Je crains le regard des autres sur ma tête, j'essaie de rabattre des cheveux dessus, mais je n'y parviens pas. Il en manque trop."

à rapprocher de l'état de mon crâne après ma TS en 1985: lors du réveil du coma ma tête a heurté violemment quelque chose, j'avais une plaie profonde au sommet du crâne, j'en ai encore la cicatrice, les cheveux n'ont jamais complètement repoussé à cet endroit; j'ai eu également une alopécie localisée (plaques) suite à cet évènement.
Mon rêve s'est appuyé sur cet état physique pour figurer mon état psychique.

Gueule cassée?


Mon deuxième psychanalyste m'a "avoué" lorsque je suis retournée le voir plusieurs mois après la fin de mon analyse avec lui pour faire le point, que s'il avait eu ce comportement avec moi c'était "sans doute"parce qu'il avait eu peur de ce qui émergeait; à savoir l'angoisse terrible qui m'envahissait en relation avec ce qui se manifestait dans mes cauchemars. Il m'a dit avoir "eu peur de ce qui me faisait peur".
Nous en sommes restés là, il n'avait en fait pas bougé d'un pouce en dehors de la reconnaissance de sa difficulté à gérer sa propre peur. Toujours aussi obtus, enfermé dans ses convictions théoriques dépassées.
C'est dingue, j'ai toujours, au cours du travail fait avec lui ressenti plus ou moins implicitement faire oeuvre de pédagogie; mais ses propres limites lui ont à un moment donné fermé toute possibilité "d'apprendre". Il m'a dit à plusieurs reprises "avoir beaucoup appris" avec moi. Pas assez en tout cas pour me permettre de terminer ce travail...

Je me pose aujourd'hui la question de l'effet que peut produire sur autrui la connaissance de mon univers intérieur, lorsque qu'il est "lisible", en thérapie ou ici, sur ce blog.
L'image qui me vient est celle des "gueules cassées"; ces hommes revenus de la guerre avec des mutilations qui rendaient leur apparence physique monstrueuse. Je crois bien que je suis "psychiquement" une gueule cassée...



Comme dans ces tableaux de Gotfried Helnwein.

dimanche 25 avril 2010

rêve post analyse

Un rêve fait peu de temps après que j'interrompe ma seconde analyse:

-Je suis avec mon analyste (le second), nous sommes dans le centre d'une ville très animée.
Il y a une place centrale avec une scène sur laquelle des acteurs jouent.
Ils s'expriment en allemand, langue que je ne connais pas.
Mon analyste et moi nous asseyons à une table face à la scène pour regarder cette représentation.
Je lui fais la proposition suivante: qu'il me traduise en français les propos des personnages, puisque lui maîtrise l'allemand, et moi je lui expliquerai le sens des propos tenus..."

Mes analystes suite

Mes deux analyses se sont soldées par des échecs: la première s'est terminé par une grave dépression au bout de cinq années passées sur le divan d'un lacanien grogneur et injonctif (refus catégorique que je prenne un traitement anxiolytique ou antidépresseur), suicide suivi de trois jours de coma, puis de retour dans son cabinet : transgression du cadre (il me raconte sa vie personnelle, m'invite à une exposition, puis au cinéma + restaurant et déclaration de sa flamme en buvant du Champagne , et pour finir m'emmène chez lui pour finir la nuit dans son lit).
Après quinze jours passés à répéter: -restau+ baise chez lui- il m'invite à le rejoindre dans son cabinet et m'informe que si je veux continuer à le voir il faut que je retourne sur le divan. Je suis partie en claquant la porte.
Huit ans après je reprends le chemin d'un cabinet d'analyste, je suis en pleine dépression et n'ai pas le choix, il faut que j'essaie de m'en sortir. Pendant plusieurs mois la veille des séances je rêvais que mon second analyste transgressait lui aussi le cadre - invariablement mon rêve se terminait par "Oh non! ca ne va pas recommencer !?!" Il m'a fallu beaucoup de temps pour pouvoir faire confiance à nouveau.
Ca a duré cinq ans aussi, en face à face; comme je l'ai décrit dans un autre message sur ce blog, au bout de trois ans mon analyste a changé d'attitude du jour au lendemain, les trois premières années il était très "ferenczien", dans l'accompagnement, la chaleur humaine et brutalement il est devenu très distant, interprétatif (je n'avais pas le temps de commencer une phrase qu'il me coupait la parole pour me donner "sa" version des choses) et rejetant (n'avait plus de place pour moi dans son agenda: de quatre séances par semaine il ne m'en proposait plus qu'une ou deux lorsque j'insistais). Ca m'a déglinguée, et je me suis retrouvée face à des reviviscences traumatiques terribles pendant huit longs mois. Je m'en suis sortie grâce à mon généraliste qui m'a prescrit en urgence des antidépresseurs , je préparais mon deuxième suicide et ai eu un sursaut pour rester en vie pour mon fils; le laisser orphelin aurait été un crime que je ne pouvais pas commetre.

Mes analystes

Mon second analyste s'il écoutait n'y entendait pas grand chose. Il connaissait mon histoire, il connaissait l'issue de ma première analyse; sans doute "n'a t-il pas assez souffert" pour pouvoir supporter de m'accompagner jusqu'au bout du déroulement des reviviscences qui me laissaient inerte de souffrance.

J'ai retrouvé des brouillons de lettres que je lui avaient écrites à l'époque où après trois ans de travail il a changé radicalement d'attitude et où d'accompagnant il était devenu rejetant.
Je n'ai plus aujourd'hui le souvenir de celles que je lui ai envoyées ou pas.

"...je n'étais pas habituée à vous voir travailler avec un sécateur. Je me mets des bigoudis partout pour faire des noeuds où c'est coupé. Je suis en train de me demander si je peux encore (vous) écrire sans prendre un coup de bazooka en retour...Ce travail que je fais avec vous est mon labyrinthe. Si vous tirez des coups de mortier dans les murs j'en sortirai plus vite mais je n'aurai pas terminé mon parcours."

"Monsieur X, Je ne me sentais pas en danger avec vous, j'avais traversé des tunnels, des tempêtes et je vous avais toujours senti à mes côtés dans ces moments difficiles. De ces passages difficiles avaient pu remonter des émotions et des sentiments très forts, comme des germes fragiles traversant un amas de décombres. Je sentais cette poussée vulnérable, la tige portait encore, comme une blessure tenace d'anciennes cicatrices, les traces des bourgeons arrachés avant que le temps de leur éclosion en ait permis le don.
Je ne me sentais pas en danger parce que je savais que vous ne me voleriez pas; ce qui s'est produit je ne l'avais pas imaginé, c'est pour cela que çà a été tellement destructeur, je n'y étais pas préparée.
Vous avez pris à votre compte ce don qui s'annonçait. Vous vous êtes identifié comme un destinataire unique de ce qui s'offrait avec des points de suspension. ce qui s'offrait...
Vous vous en êtes accaparé pour aussitôt le recouvrir de décombres- comme si celà ne suffisait pas tous ces décombres traversés.
Ce travail est devenu une scène de théâtre: votre scène, ce qui a eu pour effet de m'expulser violemment de ma propre histoire en me figeant dans un rôle qui ne m'appartenait pas.
Sortir de cette figuration est un travail inhumain quand on est l'analysante, c'est déjà tellement de bordel, entre les scènes rejouées de mon histoire et les scènes accumulées de la rencontre de votre histoire et de la mienne.
Ce qui déclenche la folie et la violence c'est cette accumulation d'évènements, ce sont les blessures qui se nourrissant d'une scène et d'une autre, n'ont plus de lieu où se dire, ce sont des non-dits d'une violence inouie...
A chaque fois que j'avais essayé d'aborder celà avec vous, vous m'avez renvoyée à mes chaudrons, "ce qui pose problème" c'est moi- jusqu'au bout vous m'aurez cantonnée à cette prise en charge de tout ce qui émerge, indistinctement..."


"La seule chose qui vous préoccupe maintenant c'est de me montrer où vous êtes où je suis et de m'enfoncer dans le crâne la différence des deux positions. Ca m'emmerde prodigieusement parce que çà ne m'intéresse pas. Je n'ai pas fini de voyager arrêtez de me couper les aîles- et surtout d'en faire mon problème - çà fait surcharge dans les soutes - qui sont déjà bien assez lourdes comme çà. Je ne comprends pas pourquoi vous ne me laissez pas trouver moi-même ma place - qu'est-ce qu'il y a d'impossible à ce que je puisse continuer ce travail de là où je suis même si çà implique des erreurs et des tâtonnements- j'ai toujours avancé comme çà- maintenant vous me montrez la sortie ou sa direction- je n'ai pas eu le temps de dire "c'est bleu pour moi" que déjà vous me disiez "Moi ce n'est pas bleu et c'est important que vous le sachiez".
Vous me fatiguez avec vos interventions pachydermiques. Vous travaillez sans sonar - vous vous en foutez."

lundi 19 avril 2010

bombe à retardement

La puissance à retardement de la violence des mots de ma mère.
Je suis par moments "enfermée" dans le contre-coup de cet évènement-là, ça produit une souffrance à la limite de l'ingérable... Pour quelle raison cette violence me saute-t-elle en pleine face plus d'un an après ?
Dans ces moments de reviviscence plus rien d'autre n'existe que la souffrance à l'état brut, je ne ressens que cela, plus rien d'autre ne me touche; je ne pense qu'à ça, ma vie quotidienne se limite aux ruminations sur cet évènement et ses effets actuels sur mon état général.

jeudi 15 avril 2010

Suite fusil à pompe

Dans un autre contexte, un contexte non familial, je pourrais porter plainte contre la personne qui m'a traitée de "sale race", il y a des lois qui protègent les citoyens contre de tels actes.
Dans ma situation il n'y a pas de loi, une mère tue sa fille en la dénigrant par des actes et des paroles assassines; en l'exposant à la violence des abus d'un membre de la famille; c'est indicible et inentendable socialement. Comme me l'a dit mon père il y a dix ans lorsque je l'ai informé des abus sexuels commis par son père sur moi: "Tu es folle, fais-toi soigner".

Je rêve qu'un procureur la condamne à vingt ans de prison ferme, qu'elle termine sa pauvre vie dans une cellule sans soleil.

fusil à pompe

Impossible de métaboliser le projectile que m'a envoyé ma mère il y a un an.
Combien d'autres obus , combien d'autres dégats ?

Je ne pleure pas, ne souffre pas d'une manière aigue, je suis rongée de l'intérieur par ses paroles et ses actes.
Un mal-être quotidien, comme de l'acide infiltré dans mon psychisme déchiqueté de longue date.

Folie d'une mère infanticide.

lundi 5 avril 2010

recherches

Depuis une quinzaine d'années en France il est désormais possible de trouver des ouvrages traitant des traumatismes psychiques, j'en ai lu un grand nombre, ces lectures m'ont souvent rassurée et permis d'avancer en comprenant mieux grâce à l'identification de concepts qui permettent de mettre du sens sur mon vécu.

Cependant, les ouvrages les plus "scientifiques", ceux qui sont issus de recherches et basés sur des observations sérieuses permettant d'élaborer des conceptualisations élaborées et relativement incontournables , traitent des traumatismes psychiques issus de situations autres que celles relatives à la maltraitance intra-familiale.

C'est récurrent, je n'ai pas encore trouvé un seul ouvrage dans lequel l'auteur ne précisait qu'il s'agissait de personnes souffrant d'un trauma produit en situation de génocide, de torture, de viol en tant de guerre, etc...

Le dernier traitait des rêves et des cauchemars traumatiques, dans le contexte génocidaire essentiellement; à aucun moment l'auteur ne lance l'hypothèse de la possibilité d'étendre les résultats de ses recherches à d'autres contextes que ceux qui ont servi à son étude.
Il faudrait décloisonner, et par là-même synthétiser une bonne fois pour toute. L'exclusion des traumatismes infantiles de ce champ de recherches est une exclusion de plus pour ceux qui en sont victimes.
Y aurait-il encore un tabou, un impensable majeur pour que ces recherches continuent d'exclure de leur champ d'investigation les effets des traumatismes infantiles sur les adultes , en dehors de situation de conflit armé, de génocide ou d'attentat ?

En vrac

En vrac depuis plusieurs jours.

Je cherche à reconnecter avec la Petite fille, lorsque j'y parviens, un peu, je ressens de l'apaisement.
Certaines iconographies m'apaisent également, c'est pareil: une histoire de reconnection avec ce qui est enfoui et bat sourdement.
Images issues de rêves forts, denses et propices aux retrouvailles.
Le rêve de l'enfant abandonné sur le rebord du chemin avec sa figure à moitié arrachée m'est souvent d'un grand secours; d'autres aussi, dont je voudrais depuis plusieurs années relire les récits stockés dans une malle fermée à double tour.
J'en retarde l'échéance de jours en jours, peur inconsciente de replonger dans l'horreur des émotions ressurgies à l'époque où j'avais fait ces rêves. Serai-je assez solide ?

Des échos provenant de sources extérieures m'ébranlent parfois en profondeur: c'est violent et en même temps rassurant: d'autres ont trouvé un moyen d'exprimer avec force leurs tremblements souterrains.

Gottfried Helnwein a peint, dessiné des têtes d'hommes similaires à celle de mon rêve, à la différence que dans mon rêve il d'agissait d'un enfant.
Certaines chansons de Sinead O Connor font également vibrer ces liens émotionnels déchiquetés; j'ai regardé en boucle des scènes du film "Quatre minutes", surtout la scène finale où la violence contenue du l"héroine surgit dans le corps à corps avec son piano. De l'émotion en bruits; plus puissante que les mots, plus dense que les images.

A chaque instant de ces heures de ces jours passé dans l'angoissante constance de ce "vrac" émotionnel je ressens avant tout une violence inouie que je ne sais que canaliser et qui me bouffe de l'intérieur.
La dernière psychologue rencontrée m'avait dit que tant que je ne rendrais pas ce mal à ceux qui me l'ont infligé j'aurai du mal à m'en sortir.
"Rendre" au sens de "restituer" en brisant les non-dits et en donnant à chacun sa part de ce trop plein de merde qui m'étouffe et pourri ma vie au quotidien.

Lorsqu'il m'arrive d'imaginer un moyen de la mettre en actes cette restitution, je suis envahie par la crainte d'être de nouveau salie, salie par les obligatoires éclaboussures qu'ils ne manqueront pas d'essuyer d'un revers de main méprisant puant l'innocence feinte et qu'ils vomiront une fois de plus sur moi.
Mais il le faudra bien, je vais sinon y rester pour de bon.