lundi 5 avril 2010

En vrac

En vrac depuis plusieurs jours.

Je cherche à reconnecter avec la Petite fille, lorsque j'y parviens, un peu, je ressens de l'apaisement.
Certaines iconographies m'apaisent également, c'est pareil: une histoire de reconnection avec ce qui est enfoui et bat sourdement.
Images issues de rêves forts, denses et propices aux retrouvailles.
Le rêve de l'enfant abandonné sur le rebord du chemin avec sa figure à moitié arrachée m'est souvent d'un grand secours; d'autres aussi, dont je voudrais depuis plusieurs années relire les récits stockés dans une malle fermée à double tour.
J'en retarde l'échéance de jours en jours, peur inconsciente de replonger dans l'horreur des émotions ressurgies à l'époque où j'avais fait ces rêves. Serai-je assez solide ?

Des échos provenant de sources extérieures m'ébranlent parfois en profondeur: c'est violent et en même temps rassurant: d'autres ont trouvé un moyen d'exprimer avec force leurs tremblements souterrains.

Gottfried Helnwein a peint, dessiné des têtes d'hommes similaires à celle de mon rêve, à la différence que dans mon rêve il d'agissait d'un enfant.
Certaines chansons de Sinead O Connor font également vibrer ces liens émotionnels déchiquetés; j'ai regardé en boucle des scènes du film "Quatre minutes", surtout la scène finale où la violence contenue du l"héroine surgit dans le corps à corps avec son piano. De l'émotion en bruits; plus puissante que les mots, plus dense que les images.

A chaque instant de ces heures de ces jours passé dans l'angoissante constance de ce "vrac" émotionnel je ressens avant tout une violence inouie que je ne sais que canaliser et qui me bouffe de l'intérieur.
La dernière psychologue rencontrée m'avait dit que tant que je ne rendrais pas ce mal à ceux qui me l'ont infligé j'aurai du mal à m'en sortir.
"Rendre" au sens de "restituer" en brisant les non-dits et en donnant à chacun sa part de ce trop plein de merde qui m'étouffe et pourri ma vie au quotidien.

Lorsqu'il m'arrive d'imaginer un moyen de la mettre en actes cette restitution, je suis envahie par la crainte d'être de nouveau salie, salie par les obligatoires éclaboussures qu'ils ne manqueront pas d'essuyer d'un revers de main méprisant puant l'innocence feinte et qu'ils vomiront une fois de plus sur moi.
Mais il le faudra bien, je vais sinon y rester pour de bon.

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