dimanche 25 avril 2010

Mes analystes

Mon second analyste s'il écoutait n'y entendait pas grand chose. Il connaissait mon histoire, il connaissait l'issue de ma première analyse; sans doute "n'a t-il pas assez souffert" pour pouvoir supporter de m'accompagner jusqu'au bout du déroulement des reviviscences qui me laissaient inerte de souffrance.

J'ai retrouvé des brouillons de lettres que je lui avaient écrites à l'époque où après trois ans de travail il a changé radicalement d'attitude et où d'accompagnant il était devenu rejetant.
Je n'ai plus aujourd'hui le souvenir de celles que je lui ai envoyées ou pas.

"...je n'étais pas habituée à vous voir travailler avec un sécateur. Je me mets des bigoudis partout pour faire des noeuds où c'est coupé. Je suis en train de me demander si je peux encore (vous) écrire sans prendre un coup de bazooka en retour...Ce travail que je fais avec vous est mon labyrinthe. Si vous tirez des coups de mortier dans les murs j'en sortirai plus vite mais je n'aurai pas terminé mon parcours."

"Monsieur X, Je ne me sentais pas en danger avec vous, j'avais traversé des tunnels, des tempêtes et je vous avais toujours senti à mes côtés dans ces moments difficiles. De ces passages difficiles avaient pu remonter des émotions et des sentiments très forts, comme des germes fragiles traversant un amas de décombres. Je sentais cette poussée vulnérable, la tige portait encore, comme une blessure tenace d'anciennes cicatrices, les traces des bourgeons arrachés avant que le temps de leur éclosion en ait permis le don.
Je ne me sentais pas en danger parce que je savais que vous ne me voleriez pas; ce qui s'est produit je ne l'avais pas imaginé, c'est pour cela que çà a été tellement destructeur, je n'y étais pas préparée.
Vous avez pris à votre compte ce don qui s'annonçait. Vous vous êtes identifié comme un destinataire unique de ce qui s'offrait avec des points de suspension. ce qui s'offrait...
Vous vous en êtes accaparé pour aussitôt le recouvrir de décombres- comme si celà ne suffisait pas tous ces décombres traversés.
Ce travail est devenu une scène de théâtre: votre scène, ce qui a eu pour effet de m'expulser violemment de ma propre histoire en me figeant dans un rôle qui ne m'appartenait pas.
Sortir de cette figuration est un travail inhumain quand on est l'analysante, c'est déjà tellement de bordel, entre les scènes rejouées de mon histoire et les scènes accumulées de la rencontre de votre histoire et de la mienne.
Ce qui déclenche la folie et la violence c'est cette accumulation d'évènements, ce sont les blessures qui se nourrissant d'une scène et d'une autre, n'ont plus de lieu où se dire, ce sont des non-dits d'une violence inouie...
A chaque fois que j'avais essayé d'aborder celà avec vous, vous m'avez renvoyée à mes chaudrons, "ce qui pose problème" c'est moi- jusqu'au bout vous m'aurez cantonnée à cette prise en charge de tout ce qui émerge, indistinctement..."


"La seule chose qui vous préoccupe maintenant c'est de me montrer où vous êtes où je suis et de m'enfoncer dans le crâne la différence des deux positions. Ca m'emmerde prodigieusement parce que çà ne m'intéresse pas. Je n'ai pas fini de voyager arrêtez de me couper les aîles- et surtout d'en faire mon problème - çà fait surcharge dans les soutes - qui sont déjà bien assez lourdes comme çà. Je ne comprends pas pourquoi vous ne me laissez pas trouver moi-même ma place - qu'est-ce qu'il y a d'impossible à ce que je puisse continuer ce travail de là où je suis même si çà implique des erreurs et des tâtonnements- j'ai toujours avancé comme çà- maintenant vous me montrez la sortie ou sa direction- je n'ai pas eu le temps de dire "c'est bleu pour moi" que déjà vous me disiez "Moi ce n'est pas bleu et c'est important que vous le sachiez".
Vous me fatiguez avec vos interventions pachydermiques. Vous travaillez sans sonar - vous vous en foutez."

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