dimanche 11 juillet 2010

gavage

Cauchemar de décembre 1997:

"Je suis un bébé, c'est moi mais quand j'étais bébé. Je suis portée par un adulte, je ne peux pas bouger.
Je vis quelque chose d'atroce, un malaise physique très difficile à décrire, ça concerne les poumons, la gorge, la bouche. J'ai un tuyau enfoncé dans la bouche jusqu'à la gorge, quelque chose me remplit tout cet espace et c'est physiquement horrible; je vais mourir tellement je suis mal, j'étouffe, c'est toute la sphère de la tête et du haut du corps qui est en train de souffrir: le nez, la bouche, la gorge, les poumons.
Je gémis, je fais des bruits de bébé, c'est une lutte contre ce malaise cette agression.
C'est quelque chose de vital, cette impression que si ça ne s'arrête pas je vais mourir, que - je suis- en train de mourir.
C'est le même étouffement que quand j'avale quelque chose qui se coince dans la gorge, mais là ça dure très longtemps, çà ne s'arrête pas.

En même temps je suis dans l'attente que l'adulte qui me porte fasse cesser ce malaise, c'est la seule chose que j'attends, c'est cette personne qui a le pouvoir de me délivrer, de faire quelque chose pour que ce tuyau s'enlève, que je puisse respirer, que tout redevienne en ordre.
Après, comme ça dure très longtemps j'étouffe complétement, et je me mets à gémir, à crier, parce que je suis en train de mourir, ça fait horriblement mal".

(J'ai fait également de manière répétitive un cauchemar dans lequel je ne pouvais plus respirer, et tentait de demander de l'aide autour de moi, par des gestes, des gémissements, etc. Invariablement les personnes restaient indifférentes et ne s'occupaient pas de moi, je mourrais étouffée là sous leurs yeux.)

Ma mère m'a raconté que lorsque j'étais bébé j'avais fait une bronchite asthmatiforme, que je vomissais les biberons de lait et que je respirais mal.
Que finallement elle avait - quand même- appelé un médecin, que celui-ci lui avait dit de me donner immédiatement des biberons d'eau froide, que j'en avais bu une très grande quantité.
Que j'étais déshydratée et anémiée.
Deux anémies: une bébé et une autre vers 5/6 ans.

Ma mère m'a raconté que j'avais "les deux trous bouchés"
Je m'en rappelle car çà a duré longtemps ce gavage obsessionnel.

Je me rappelle de ces gavages, violents, avec sanctions (la cave) et forçages sous la contrainte physique si je ne terminais pas mon assiette, si ce qu'elle contenait ne passait pas, si ce qu'elle contenait était ce qui était ressorti suite à un haut le coeur.

Si un adulte sain d'esprit était témoin de tels agissements envers un adulte ou un vieillard, je pense qu'il réagirait et tenterait de faire cesser ce genre d'actes.
Chez moi non seulement ils laissaient faire, mais en plus ils participaient parfois volontiers (mon frère me tenait les bras en arrière pendant que ma mère m'enfonçait de force la nourriture dans la bouche, mon père m'effrayait en me menaçant pour que je mange et termine mon assiette, il est quand même intervenu une fois pour faire cesser cette torture , le jour où mon frère me maintenait les bras en arrière).

Alors ce cauchemar, j'y crois, je sais que ce que j'ai revécu là, pendant cette nuit de décembre 97, c'est ce qui s'est réellement passé avant que ma mère appelle le médecin.

Ma mère me mettait sur le pot après chaque repas, et je n'avais pas le droit de me relever tant que rien n'était sorti.
Passé l'âge du pot, je devais aller sur les toilettes des wc après chaque repas, et l'appeler quand quelque chose était sorti avant de tirer la chasse, car il ne fallait pas que je triche pour pouvoir de cette manière aller jouer dehors sans lui avoir fait part de son "dû"...

Lorsque l'occasion s'en présentait, ma mère me comparait aux autres petites filles, devant elles, devant les autres enfants, devant leurs parents:

"Regarde comme elle a de bonnes joues roses Evelyne! Toi tu es toute maigre et toute blanche!"
"Ma fille a les deux trous bouchés!"

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